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LA LOI DU LÉGER, HISTOIRE POPULAIRE D’UN DÉCRET
mars 24 @ 14 h 00 - 16 h 00
Film & débat
Le documentaire LA LOI DU LÉGER, histoire populaire d’un décret retrace l’aventure d’un processus d’intelligence collective et d’éducation permanente qui a permis à des personnes concernées par l’habitat léger de participer à la production d’un cadre législatif. Après avoir été présenté en avant-première au Centre culturel du Brabant wallon le mardi 20 juin, il poursuivra sa diffusion dans des festivals, des associations et, pourquoi pas, dans votre salon.
Roulottes, caravanes, chalets, tiny houses… autant de formes d’habiter de manière légère et « atypique », autant d’habitations qui n’étaient pas reconnues juridiquement jusqu’il y a peu. Celles et ceux qui choisissent d’y vivre, que ce soient pour des raisons financières, écologiques ou culturelles, rencontraient et rencontrent encore d’importants obstacles administratifs au quotidien.
Mais depuis le 2 mai 2019, le Code wallon de l’Habitat Durable intègre bel et bien la définition « d’habitation légère ». Et ce grâce à un long processus alliant des actions de lutte menées, dès les années 90, avec les habitant·es en zone de loisir par des associations et collectifs comme Habitat et participation, Solidarités nouvelles, le Réseau Wallon de Lutte contre la pauvreté, Le miroir vagabond, Le Centre de médiations des gens du voyage, l’asbl Droit au Logement Différents, Lutte solidarité et travail (LST), Le rassemblement pour le droit à l’habitat, Le collectif « Les Damoclès », le collectif Halé !, Halem (en France), et sans doute encore bien d’autres, des activités multiples pour faire (re)connaître l’habitat Hors Normes, et dès 2010, divers chantiers participatifs organisés en maillage à travers le Réseau Brabançon pour le Droit au Logement.
Cette avancée a été rendue possible grâce à la mobilisation de longue haleine de multiples personnes concernées, passionnées et engagées qui ont, durant plusieurs années, nourri, alimenté, milité et lutté pour le droit d’Habiter léger. Ces différents partenaires ont mené un processus unique en son genre, basé sur l’intelligence collective et les principes de l’éducation permanente, pour aboutir à une définition de l’habitat léger qui prend en compte les réalités des premiers et premières concerné·es, les expertises d’académiques et les avis de l’administration, qui allaient devoir porter le tout auprès du politique.
Et, chose inédite, cette définition a été reprise telle quelle dans le Code wallon de l’habitation durable. Une véritable victoire de l’éducation permanente, mise en histoire et en image par l’association Télévision du monde (TDM) au travers d’un documentaire présenté en avant-première au Centre culturel du Brabant wallon le 20 juin, en présence d’Arnaud Le Marchand, économiste, maître de conférences en sociologie de l’économie à l’Université du Havre, de la ministre Valérie De Bue, qui avait le logement dans ses attributions au moment du vote du décret, et de quelque 150 personnes venues fêter cette victoire et exprimer réflexions, revendications et autres inquiétudes.
Des enjeux cruciaux et des défis majeurs
Les premières discussions autour de LA LOI DU LÉGER, histoire populaire d’un décret ont permis de souligner trois enjeux fondamentaux de l’habitat léger. L’un, culturel, concerne la manière d’habiter, la façon d’occuper un territoire. Thierry De Bie, ancien coordinateur de la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon, soulignait d’ailleurs que « le débat autour de l’habitat léger est ‘culturel’ avant d’être ‘normatif’ ». Le deuxième enjeu, écologique, est relatif au climat et au vivant. L’habitat léger y constitue une alternative à l’artificialisation des sols et permet de favoriser une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Enfin, l’enjeu économique, puisque l’habitat léger est moins cher et permet, notamment, l’utilisation de matériaux de récupération. Ce dernier enjeu soulève quelques questions et préoccupations. D’une part, il y a le risque que l’habitat léger fasse l’objet de spéculation et connaisse le phénomène de gentrification. D’autre part, il s’agit aussi d’éviter que l’habitat léger ne soit perçu que comme un logement de seconde choix ou, pire, comme un pis-aller pour des personnes subissant de la précarité sociale et ne devienne dès lors une « habitation de pauvre » dans l’esprit de certain·es.
Que le choix d’habiter léger ait des raisons financières, écologiques ou culturelles, il rencontre quelques défis majeurs : l’accès au sol, l’accès au crédit et l’accès aux assurances. Maintenant que l’habitat léger a intégré le Code wallon de l’Habitat Durable, se pose la question de ce que vont faire toutes les personnes et structures ayant participé au processus dans son ensemble ou celles qui s’y intéressent désormais.
Et maintenant, que fait-on ?
Concernant les règles urbanistiques, un participant à la soirée d’avant-première suggérait d’introduire des demandes de permis. « Plus on en introduira, plus les administrations communales s’y habitueront. Et le fait que ce soit une compétence communale est un avantage, puisqu’il est plus facile d’entrer en contact avec une administration communale qu’avec le Service public wallon. »
Concernant la question de l’accès au foncier, un des défis majeurs que rencontrent les habitants du léger, un modèle financier reste à mettre sur pied. Pour rappel, le 4 décembre 2022, une journée de réflexion y était consacrée à Genappe, mais le processus de création n’a pas encore abouti. Dès que l’étude relative à la création d’une mutuelle foncière pilotée par Credal, soutenue par la ministre de l’Action sociale et menée par différents acteurs (FEBECOOP, SAWB, Habitat et participation, avec le soutien du RBDL) sera terminée, elle sera mise en ligne sur différents site (Habitat et Participation asbl, collectif HaLé, RBDL, et SAW-B). « Cette étude doit être considérée comme un ‘outil’ dont il faudra prendre ce qui semble utile et laisser ce qui ne l’est pas », souligne Pascale Thys, directrice d’Habitat et Participation. « Un temps sera dédié à la suite de ce travail afin que les habitants du léger puissent s’emparer de ce qui leur semblera utile. » Poursuivant sa réflexion sur le « marché de la démocratie participative » et sur la place respective des experts et des habitants du léger, Pascale Thys insiste sur l’importance de se placer « dans une logique de Production Sociale de l’Habitat » et de laisser aux habitants « la maîtrise de leurs solutions, la maîtrise de la production de leur habitat ou de leur foncière. Les experts qui sont des acteurs indispensables de ce processus doivent se mettre au service des habitants, c’est ce qui est proposé à travers la vidéo sur le décret. »